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jeudi 6 décembre 2012

Une vielle à roue à La Grande Battle

Le 13 novembre dernier, Joanda et ses musiciens participent à une aventure particulière : un concours lancé par France 2 (c'est une télé), intitulé La Grande Battle. Vous avez toutes et tous suivi les épisodes amenant le groupe à sa préparation, depuis les semaines qui précédèrent l'émission jusqu'au soir où l'on vit nos musiciens héraultais dans le petit écran (précision, pour les jeunes : le "petit" écran est ce truc plat qui prend environ la moitié du mur de votre salon).
Parmi eux, le tintinophile Patrice et sa vielle à roue ténor (qui prend, environ, la moitié de la place des instruments sur une scène), bien connu chez nous pour vieller au sein de ce sympathique ensemble, le Paratge des Sirènes. Pour tout comprendre sur les dessous coquins de cette aventure parisienne sans lendemain (des dessous de table : anagramme de battle), de cette histoire peu banale où le bel accent du Sud se la disputa avec le parlat ponchut des ceuss de la capitale, en cette Journée mondiale de la gentillesse, Patrice témoigne.


Accusez, levez-vous : sans rire, c'est quoi cette idée d'aller jouer pour La Grande Battle ?
En septembre, Lolo, notre violoniste, insiste auprès de Joanda, plutôt tiède, pour que l'on poste une vidéo à ce concours. Bruno Milonas, qui enregistre dans son studio, en Ariège, le second CD de Joanda, accepte de nous mixer un arrangement sur "La Traviata", et c'est parti… On l'envoie, on attend, et sur 480 vidéos postées, on passe en duel avec un groupe de rock, Les Frockers, qui interprète également la "Traviata".

Et après une campagne digne des plus grands politiques, vous appelez les sympathisants à un vote massif et militant…
Oui, là c'est le vote Internet, et on actionne tout ce qui est possible de votants. Au final, on l'emporte de… vingt voix sur nos adversaires, avec un total avoisinant les 4000 votes, quand même ! On a passé l'écrit, reste l'oral final, mais au moins on est sûr de participer à l'émission en direct, ce qui n'était pas gagné au départ.

Exceptés les produits dopants habituels, comment prépare-t-on une telle compétition nationale ?
D'abord, une équipe de télé vient réaliser un petit portrait de Joanda et de Béziers (ben oui, on est les provinciaux !), avec tout ce qui est occitan (excitant ?) ; notamment, le tambourin, ce sport typique de nos contrées. Puis, un coach de France 2 vient nous « dresser », pour qu'on ne fasse pas trop plouc quand même, et surtout qu'on ne joue pas trop longtemps : le folklore, vu de Paris, c'est attendrissant, mais faut pas non plus que ça dure…

Ainsi relookés et avertis, vous montez à Paris avec vos instruments de bergers et votre accent paysan…
Oui, le 12 novembre, c'est le départ pour Paname, avec nos fans, Maria et Gégé. Maria sera d'ailleurs interviewée par une équipe de France 3 Occitan, qui suit le groupe à Paris. Arrivés aux Studios de la Plaine St-Denis, on a droit à une loge minuscule, alors que l'on est six, puis hop ! répétition et balance, et soirée resto — à nos frais ! —, et enfin hébergement dans un Etap Hôtel à trois par piaule, comme ça on est sûr que ce n'est pas nous les stars ! Le lendemain, on passe la journée aux studios, on voit les emplacements d'émissions phares comme Groland, Salut les Terriens, Taratata, etc.

Comment se passe le contact avec les animateurs de la télé, qui eux sont habillés proprement et parlent un français d'école ?
Lors de la répé finale, avec Naguy et Zigel, on voit qu'ils ne savent pas trop quoi dire. Nous, on se prépare depuis un mois, et eux ils découvrent au dernier moment. Pour eux, c'est la routine. Les trois groupes censés gagner le soir sont tirés au hasard, mais comme le hasard fait bien les choses, c'est eux qu'on retrouvera le soir après les votes ! Le soir, les fans s'installent à l'endroit prévu pour le public, avec force pancartes et cris d'encouragement, et nous, dans notre petite loge, on attend notre tour en visionnant l'écran télé et en papotant avec les autres groupes.


Et lorsqu'il ne reste presque plus de cacahuètes et d'ongles à grignoter dans les loges, c'est à vous, et pas de play back !  
Ça y est, on y va, les gladiateurs pénètrent dans l'arène, et là ça va très vite. Le temps pour Joanda de souhaiter son anniversaire en occitan à Naguy, et quelques minutes plus tard on est de nouveau dans les coulisses, à attendre la fin. Et c'est pas nous qu'on a gagné ! Mais bon, lucides jusqu'au bout, on s'y attendait un peu. Voilà c'est fait, et comme dit l'autre… c'est plus à faire !

Et sinon, aucun problème conséquent au plan vigipirate avec ta vielle à roue ténor ?
À la fin de la répétition, un caméraman me branche car il trouve que mon tabouret est mal positionné par rapport aux images qu'il veut tourner — j'ai droit à une caméra pour moi tout seul ! Pendant que je réponds au caméraman, Naguy pérore de son coté et, constatant que je ne l'écoute pas, il propose de m'inscrire au jeu des Chiffres et des lettres, jeu prévu pour les seniors, voire pire, ayant a priori les portugaises ensablées. Ça fait beaucoup rire mes petits camarades, apparemment très sensibles à l'humour nagyien ! Sinon, de belles images furent tournées sur ma vielle — que, par contre, on n'entendit pour ainsi dire pas, mais j'étais concurrencé, sur le plan sonore, par une boudègue en sol [NDLR : en sol ?!] appartenant à la populaire Sophie Jacques de Dixmude !



Propos recueillis par Pascal Jaussaud.

4 commentaires:

  1. Tant que c'est pas à Fort Boyard avec le pèr' Fourras, pas d'inquiétude mon Patrice. Et puis, l'humour naguyste, ça reste l'humour naguyen.

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  2. Superbe !! Ça résumé bien l'histoire... Bravo Patrice !!

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  3. Super interview Patrice !

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  4. Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet. Courteline

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